Les blocages dans la transformation numérique des collectivités

La digitalisation des collectivités progresse lentement et inégalement, à cause de freins persistants et d’inégalités territoriales. 

La dématérialisation des services publics et la transition numérique des collectivités avancent à des vitesses inégales. Dans un rapport publié en janvier 2021 sur la transformation digitale du secteur public, la chaire EPPP (Économie des partenariats public-privé) souligne que jusqu’ici, la digitalisation n’a pas véritablement visé à améliorer les services publics ni la satisfaction des usagers. Pourtant, elle devrait être un moyen de placer l’usager au centre des préoccupations. 

La question du coût de cette transformation numérique se pose aussi pour des collectivités dont les budgets sont très variables les unes vis-à-vis des autres. Cette digitalisation a un certain coût, proportionnel à la taille des collectivités, ce qui paraît évident, mais qui reste une épine dans le pied de nombre d’entre elles. 

Toutes n’ont donc pas avancé au même rythme, car en plus du budget, les questions techniques mettent parfois des bâtons dans les roues. Toutes les communes n’ont par exemple pas la taille critique pour avoir un DSI (directeur des services d’information). Gérer une flotte d’appareils numériques peut vite devenir un casse-tête. De plus en plus, des solutions se développent, à l’image d’un outil de gestion de parc, qui permet de piloter toute une flotte d’appareils fixes ou mobiles à partir d’une seule console

Tout cela souligne le manque d’une vision stratégique globale, qui permettrait de mieux gérer l’aspect organisationnel de cette transition numérique. Ainsi, de nombreuses collectivités expérimentent par elles-mêmes, sans forcément partager leurs idées, leurs résultats, et encore moins leurs échecs. Or ce travail collectif est la clé pour réussir pleinement la digitalisation des services publics.

Le fameux « mille-feuille administratif » est aussi un frein, car les acteurs locaux sont légion et ne communiquent pas toujours entre eux, un écueil que tentent d’éviter les TNE dans le domaine de l’éducation dans les collectivités. 

Yann ­Huaumé, vice-­président de Rennes métropole ­chargé du numérique et de la métropole intelligente, déplore ce manque de vision forte : « La métropole était pionnière sur de nombreux sujets, les communes avaient énormément d’initiatives, mais j’ai eu l’­impression d’être devant une boîte de puzzle comportant de magnifiques pièces sans qu’aucune image ne se dessine ». À Rennes, la construction d’une stratégie numérique territoriale a donc été une priorité, pilotée par la métropole.

 

Dans cet ordre d’idées, la Corse se pose comme exemple en ce qui concerne les classes de premier degré, gérées par les communes. Pour assurer la gestion de leurs parcs d’appareils, José Giudicelli, DAN de l’académie de Corse, a innové. « Les moyens techniques de la DSI et les moyens pédagogiques de la DANE ont permis d’assurer la supervision de la suite idruide Éducation sur plusieurs écoles corses. Les tablettes sont donc supervisées par la plateforme académique via la DANE, même si ce n’est théoriquement pas sa mission. »

« Il faut travailler pour que les petites communes se regroupent sous forme d’intercommunalité par exemple, pour avoir une structure capable de gérer une plateforme numérique qui ne peut pas être individualisée par commune, mais qui doit être plus large, pour gérer un parc de tablettes », explique-t-il. 

Cette question de la co-création se retrouve à tous les niveaux. Une intercommunalité peut notamment identifier les acteurs structurants d’un projet de transition numérique et assurer leur coordination. Elle peut ainsi faire office de caisse de résonance pour des solutions portées par la Région, ou encore des outils poussés par des agences d’urbanisme, les télécoms ou encore les structures qui assurent des formations au numérique.

Trois groupes de travail co-pilotés par l’État et les collectivités visent une mise à niveau de toutes les collectivités et de leurs agents. 

La transformation numérique des territoires (TNT) a récemment remplacé le DCANT (développement concerté de l’administration numérique territoriale). En s’appuyant sur les réussites identifiées du précédent programme, les recommandations formulées par les partenaires territoriaux et les opportunités offertes par le plan France Relance, le programme TNT a pour ambition de répondre à trois objectifs majeurs :

  • rassembler tous les acteurs publics de l’État et des associations d’élus en bénéficiant d’un portage politique fort permettant de renforcer les liens entre l’État et les territoires ;
  • s’engager dans une perspective de résultats en consacrant le temps et les ressources mobilisés par les parties prenantes à ce programme à la mise en œuvre de solutions numériques concrètes et visibles par les citoyens et les agents publics ;
  • accroître la notoriété du fonds « Transformation numérique des collectivités territoriales » du plan France Relance, encourageant ainsi les collectivités à se saisir des opportunités proposées.

Le deuxième groupe de travail vise à mettre à niveau les agents comme les élus sur les questions numériques. Pour ce faire, il faut élaborer des outils qui permettront de remédier au manque de culture numérique et à monter en compétences sur le sujet et le travail collaboratif. 

Enfin, le troisième suit le déploiement de la démarche de dématérialisation des demandes d’autorisation d’urbanisme.

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Un article de idruide publié le 06 Mai 2022
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