Campus Numeria : une gouvernance partenariale forte
Dans le cadre de son numéro spécial sur le Campus Numeria, idruide a interviewé Marie Brégeon, Directrice de Projet du Campus Numeria.
Notre gouvernance sʼinscrit dans le cadre de France 2030 et de ses principes : la mise en œuvre dʼun consortium associant acteurs publics et privés implique de sʼentendre sur ce que chacun dʼeux apporte au projet. Dans le cas du Campus Numeria, 50 % du financement est apporté par les partenaires, 50 % par France 2030. Ce budget nous permet de définir et de répartir des actions correspondant aux objectifs : par exemple, le département et la SEML (Société dʼéconomie mixte locale) patrimoniale de la Vienne subventionnent la rénovation du pavillon dédié au sein du Futuroscope, quand France 2030 subventionne les équipements ; lʼuniversité de Poitiers met à disposition du projet les compétences de ses chercheurs pour la création de parcours, tandis que France 2030 finance lʼembauche dʼun ingénieur dʼétudes.
Nous disposons donc de leviers dʼaction grâce à la subvention de lʼÉtat, complétée par lʼimplication forte de chaque acteur. Le comité de pilotage du consortium se réunit régulièrement pour vérifier le bon avancement des actions, chacune mobilisant généralement plusieurs partenaires.
Il sʼagit moins dʼune complémentarité public-privé quʼune complémentarité de compétences : les acteurs publics impliqués dans ce projet dʼéducation et de formation disposent dʼexpertises pédagogiques, ou sont en première ligne pour favoriser le rayonnement du territoire ; les acteurs privés savent créer des contenus immersifs, ou proposer et gérer des outils numériques performants, etc. Ce sont les compétences qui président au choix des partenaires, en fonction des attendus du projet.
Par ailleurs, nous positionnons certains acteurs privés comme des partenaires à part entière, non comme des prestataires. Cette philosophie collaborative a tout intérêt à concerner le secteur privé, qui souhaite sʼengager sur des thématiques sociales importantes, dont lʼéducation numérique. C’est cette complémentarité, et cet investissement marqué de chaque partie prenante, qui font la valeur et la force du Campus Numeria.
Cela reste effectivement un défi de faire travailler 17 partenaires. Il y a dʼabord un enjeu dʼalignement de cultures professionnelles différentes. Lʼenjeu consiste à trouver des espaces de compréhension commune, il faut donc accepter de prendre du temps pour poser des bases solides. En sécurisant le démarrage du projet, nous avons plus de chances dʼaller loin ensemble. Le comité de pilotage a ainsi mis plus dʼun an pour définir une feuille de route partagée. Nous avons ensuite élargi la focale avec dʼautres acteurs, publics et privés, pour réunir les compétences nécessaires à la conduite du projet.
Cet apprentissage culturel, entre interlocuteurs et entre équipes, ouvre la voie à une dynamique commune et à la reconnaissance du rôle joué par chacun ; il devient plus facile dʼaccepter la contradiction, les différences de points de vue, en ayant compris comment chacun aborde la situation, appréhende la problématique.
Aujourd’hui, le Campus Numeria bénéficie dʼun vrai collectif, composé de personnes qui se connaissent, qui apprécient de travailler ensemble, et surtout qui partagent une vision.
Ce principe partenarial, porté par France 2030, est assez innovant : il offre une vision claire des objectifs partagés et des jalons nécessaires pour les concrétiser.
Les groupes de travail chargés de la conception des parcours « élèves » et « formateurs » construisent aujourd’hui les premiers outils — livret de lʼélève, livret de lʼenseignant, ressources pédagogiques en réalité virtuelle, ressources produites sur tablette, découverte de métiers via des vidéos… Lʼobjectif, dʼici lʼété, est de disposer de parcours qui pourront être mis en forme avant les actions de communication et de déploiement, de manière ouverte, sur la page web du campus. Nous souhaitons quʼune douzaine de parcours soit prêts à lʼautomne 2025, couvrant tous les cycles de la maternelle à la fin du lycée, avec des offres dédiées qui seront enrichies au fur et à mesure du projet.
Pour la partie consacrée aux travaux du bâtiment, aux équipements et au mobilier, les appels dʼoffres ont conduit à la sélection dʼentreprises et de maîtres dʼœuvre : la livraison du pavillon est prévue pour la fin de lʼannée, en phase avec le calendrier. Par ailleurs des recrutements sont en cours, notamment pour finaliser la réalisation des premiers parcours, initier les suivants ou concevoir la mesure dʼimpact ; nous allons également embaucher des médiateurs numériques, chargés de recevoir les classes et dʼanimer les parcours. Dʼici janvier 2026 plusieurs phases de tests des différents parcours sont prévues, avant dʼen réaliser dʼautres in situ, au sein du pavillon, puis de monter en puissance en ouvrant progressivement de nouveaux parcours.
Une réflexion est en cours avec le ministère de lʼEducation nationale : elle vise à voir de quelle manière les ressources immersives pourraient être plus largement diffusées, sachant quʼune des limites concerne la disponibilité des casques de réalité virtuelle. Cela pourrait passer par la mise en réseau du Campus Numeria avec des lieux de médiation scientifique. La finalité reste de renforcer lʼaccès aux ressources au-delà du Futuroscope.
Aujourd’hui, les fonds publics jouent un rôle essentiel dans la phase dʼamorçage. Le défi consiste désormais à pérenniser le campus. C’est avec cette ambition que la gouvernance a créé une association dʼintérêt général lié à lʼéducation numérique, pour réunir des partenaires publics et privés et poursuivre les modalités de financement partagé, couplées à un certain nombre de recettes potentielles — par exemple, via le label Pass Culture, des dons… Ces ressources seront nécessaires pour payer les salaires des médiateurs, mais aussi renouveler régulièrement les équipements et les expériences immersives.
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