Le cyberharcèlement scolaire
Avec des jeunes toujours plus présents en ligne et sur les réseaux sociaux, le cyberharcèlement est un enjeu de taille. Près de 12 % d’entre eux ont déclaré en avoir été victimes.
Le cyberharcèlement est défini comme « un acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ». Il se pratique via les téléphones portables, les réseaux sociaux, les forums en ligne, voire les jeux vidéo qui se jouent en réseau.
Le cyberharcèlement peut prendre plusieurs formes telles que :
- les intimidations, insultes, moqueries ou menaces en ligne ;
- la propagation de rumeurs ;
- le piratage de comptes et l’usurpation d’identité digitale ;
- la création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe ;
- la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture ;
- le sexting, qui regroupe des images produites par des jeunes de 17 ans et moins, qui représentent d’autres jeunes dénudés et qui pourraient être utilisées dans le cadre de la pornographie infantile.
Selon une enquête réalisée en 2021 par e-Enfance, partenaire officiel du ministère de l’Éducation nationale dans la lutte contre le cyberharcèlement entre élèves, près de 12 % des 8-18 ans en ont déjà été victimes.
Le cyberharcèlement est avant tout du harcèlement. Les conséquences pour la victime et l’impact sur le climat scolaire sont aussi importants que dans une situation de harcèlement dit classique. Toutefois, certaines conséquences sont spécifiques.
Ainsi, le harcèlement en ligne peut toucher un très large public, et il est parfois très difficile de reprendre le contrôle de la situation, d’autant plus que tout peut se faire instantanément. Avec le cyberharcèlement, le harcèlement subi à l’école se prolonge à la maison, à l’extérieur, sans répit pour l’enfant.
Le harceleur peut rester anonyme en agissant derrière un pseudonyme et ne jamais se dévoiler, ce qui peut augmenter l’angoisse de la victime.
Le cyberharcèlement a des conséquences graves sur le bien-être et la santé mentale des victimes, mais aussi des agresseurs et des témoins. Il existe un consensus selon lequel ces conséquences seraient plus importantes que celles du harcèlement classique en raison des caractéristiques citées plus haut.
Contrairement à la violence ordinaire, face à l’écran, les victimes sont très souvent seules et peuvent difficilement être aidées par leurs camarades. Exposée en permanence, la victime connaît un état d’insécurité constant, ce qui l’isole et la fragilise.
Les téléphones portables, très diffusés chez les adolescents, représentent le moyen privilégié de l’agression.
Les adultes ont une responsabilité en termes de prévention mais aussi d’aide en cas de difficulté. En moyenne, les enfants accèdent à Internet vers 9 ans, un âge qui ne cesse de s’abaisser. De plus en plus, à l’école, l’enfant va être équipé avec un outil numérique personnel, souvent une tablette, en plus de son téléphone portable.
À partir de ce moment, les adultes présents autour de lui se doivent de l’accompagner dans son utilisation numérique. Les premiers adultes à prodiguer aide et conseils en matière de sécurité sur Internet sont les parents (60 %), puis les enseignants (43 %), et enfin les camarades de classe (26 %).
L’éducation nationale a un rôle fondamental à jouer dans la transmission des valeurs liées à un usage responsable d’Internet. Elle s’engage donc à informer les élèves sur les risques encourus et sur les grands enjeux liés à ce médium.
Plusieurs solutions numériques ont vu le jour pour assurer la protection des mineurs au sein de l’établissement scolaire comme à la maison. L’une des plus importantes concerne la sécurité de l’enfant lors de sa navigation en ligne. Un outil de filtrage web permet par exemple de s’assurer que l’élève ne tombe pas sur des contenus inappropriés lorsqu’il navigue sur Internet, et donc de partager des contenus offensants. De plus, les données personnelles des élèves sont protégées.
L’un des premiers éléments à prendre en compte pour lutter contre le cyberharcèlement est de protéger ses données personnelles. Les enfants et les adolescents fournissent facilement ces éléments sur leurs profils des réseaux sociaux ou dans des discussions en ligne, ce qui peut s’avérer risqué. Autant choisir d’en montrer le moins possible dès qu’il est possible de le faire. Pour les mineurs, il est même conseillé de paramétrer un maximum d’éléments au niveau le plus restrictif.
Les mots de passe doivent eux aussi être sécurisés et ne pas s’échanger entre camarades de classe, même avec des amis.
Les mineurs se mettent facilement en scène sur les réseaux sociaux : photos suggestives, moments d’intimité, joies et peines partagées à tous, le tout sans forcément avoir conscience de la taille de leur audience. Il est important que les élèves comprennent le concept du droit à l’image et à la vie privée et prennent pour habitude de demander l’autorisation avant de diffuser une information qui implique une autre personne.
Briser le silence est le premier pas vers la résolution du problème. Le cyberharcèlement se pratique à l’abri du regard des adultes, mais certains signes peuvent aider à comprendre si un élève en est victime. Parmi eux, l’anxiété, la crainte, une faible estime de soi, des plaintes récurrentes, une baisse d’intérêt pour les activités, des troubles du sommeil, des retards fréquents voire des oublis de matériel, jusqu’à la baisse des résultats scolaires.
Si un cas de harcèlement est avéré, voici une suite de recommandations :
- écouter la victime et les témoins et apporter un soutien pour éviter que la victime ne culpabilise. Lui conseiller d’éviter de répondre aux messages blessants et de bloquer tout contact avec ses harceleurs ;
- évaluer la situation : demander à la victime et aux témoins de présenter clairement les faits ;
- rassembler les éléments concrets : captures d’écrans des messages injurieux, photos, sms, mails, etc. ;
- signaler le contenu : la plupart des sites utilisés par les jeunes proposent des options de signalement des individus malveillants ou des contenus inappropriés.
- identifier les acteurs : si l’identité du harceleur n’est pas clairement visible dans les messages, un dépôt de plainte peut être conseillé ;
- informer l’équipe éducative ;
- entamer le dialogue avec la/les personnes éditrices : demander au(x) auteur(s) de retirer le contenu et de présenter des excuses auprès de la victime si cela se passe au sein de l’établissement ;
- prévenir les parents ;
- réunir une commission éducative et prononcer des mesures éducatives : rassembler les parties prenantes pour résoudre la situation au sein de l’établissement, prendre éventuellement les mesures éducatives appropriées et organiser des interventions pédagogiques à destination des élèves et des parents en sollicitant l’association e-Enfance.