Les enjeux de la rentrée scolaire 2022
Les jeunes Français ont fait leur rentrée, le jeudi 1er septembre. Avec la pénurie d’enseignants et l’inflation, de nombreux enjeux apparaissent.
Après deux mois de vacances, écoliers (6,5 millions), collégiens (3,4 millions) et lycéens (2,2 millions) ont retrouvé le chemin de leur établissement scolaire, ce jeudi 1er septembre. Cette année, l’inflation et la crise du recrutement des enseignants pèsent sur la rentrée. Ce dernier cas n’est pas nouveau, mais il s’est encore aggravé cette année, avec plus de 4 000 postes non pourvus aux concours.
Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation, a promis que, même si les conditions « ne sont pas optimales », la rentrée sera « comparable à celle de l’année dernière », « avec un professeur devant chaque classe ».
Pour pallier la pénurie d’enseignants, l’Éducation nationale a recruté près de 3 000 enseignants contractuels, formés en quelques jours avant leur prise de fonctions. Afin de rassurer les parents, le ministre a affirmé que « plus de 80 % des contractuels ont déjà enseigné ». Mais les inquiétudes restent vives du côté des parents d’élèves comme de celui des syndicats. « La promesse d’un professeur devant chaque élève semble plus ressembler à un slogan politique qu’à la réalité », a déclaré Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire.
Pour redresser l’attractivité du métier d’enseignant, le gouvernement a posé quelques jalons côté rémunérations. Pap Ndiaye a promis qu’« aucun enseignant ne commencerait sa carrière à moins de 2 000 euros net par mois à partir de la rentrée scolaire 2023 ». Cela sera « un salaire de départ, hors primes ». Et des augmentations « significatives » auront lieu, a-t-il dit, sans donner de calendrier.
Quelques chiffres soulignent le souci d’attractivité de la profession : le nombre de candidats au CAPES externe était de 50 025 en 2006, contre 29 992 l’an dernier. Côté démissions des enseignants, on en comptait 364 sur la période 2008-09 contre 1 648 en 2020-21.
L’inflation se ressent aussi en milieu scolaire, à commencer par les cantines. Le coût des repas va grimper à cause des hausses des prix alimentaires et de l’énergie, ce qui devrait peser sur les budgets des collectivités locales et des parents d’élèves.
Les entreprises privées de restauration collective, qui gèrent 40 % des cantines scolaires dans le cadre d’une délégation de service public – 60 % étant gérées en direct par les municipalités –, tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois. Préparer les repas des écoliers leur coûte de plus en plus cher et elles demandent donc aux collectivités d’accepter de payer plus que ne le prévoyaient leurs contrats.
Du côté des fournitures, Chantal Huet, présidente de Famille de France, a donné quelques conseils sur Lemonde.fr : « Pour atténuer le coût des activités extrascolaires, il faut penser aussi au Pass sport mis en place l’année dernière pour 50 euros (pour les 6-18 ans). Le Pass culture, crédit de 300 euros, valable jusqu’à 18 ans. »
Elle poursuit sur la question des déplacements : « le pédibus peut se mettre en place dans la commune. Si l’école est plus éloignée du domicile, un covoiturage peut être intéressant par rotation. Car pour qu’il survive, il ne faut pas que ce soit toujours le même qui assure les voyages… L’habillement est un poste très important, en période de rentrée il monte dans l’échelle des dépenses. Pour l’atténuer, on peut penser aux bourses aux vêtements par exemple qui se mettent en place. »
Alors que le versement de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) faisait une nouvelle fois l’objet de critiques, à la mi-août, Pap Ndiaye a pris position en faveur de cette aide « nécessaire et juste pour les dépenses de rentrée de plus de trois millions de familles. Faire peser un soupçon sur son utilisation est infondé et stigmatisant ».
Le ton tranche avec celui de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, qui avançait, à la rentrée 2021, que l’ARS était parfois utilisée pour « acheter des écrans plats » ; une idée défendue depuis plusieurs années par des élus, la plupart issus des rangs de la droite, qui appellent régulièrement à une refonte de l’allocation.
L’ARS est versée à la fin du mois d’août, sous conditions de ressources, aux familles ayant au moins un enfant scolarisé âgé de 6 à 18 ans. Pour la rentrée 2022, son montant est de 376,98 euros par enfant âgé de 6 à 10 ans, de 397,78 euros par enfant âgé de 11 à 14 ans, et de 411,56 euros par enfant âgé de 15 à 18 ans. Pour une famille de deux enfants, le plafond de ressources est fixé à 31 225 euros annuels.
Selon une étude de la Caisse d’allocations familiales parue en 2013, et repérée par Libération, l’organisme, qui se fondait sur des chiffres de 2013, avait affirmé que « la quasi-totalité (99 %) des bénéficiaires [de l’ARS avaient] acheté des fournitures scolaires et 95 % des vêtements ».