Campus Numeria : catalyseur d’innovation éducative
Dans le cadre de son numéro spécial sur le Campus Numeria, idruide a interviewé Magali Villain Lopes, Cheffe du bureau de lʼinnovation à la Direction générale de lʼenseignement scolaire.

Plusieurs grandes tendances sont à lʼœuvre, dont certaines sont directement liées au numérique. Pour lʼessentiel, il sʼagit de transformations en cours sur des sujets phares. Un premier domaine concerne la forme scolaire dans ses différentes dimensions : le temps de lʼélève, scolaire et non scolaire ; lʼaménagement des espaces ; et les organisations territoriales qui vont faciliter les apprentissages. Un autre thème majeur est celui de lʼorientation des élèves et de la sécurisation des parcours — des sujets largement traités mais réinterrogés aujourd’hui. Citons aussi la question de lʼagir ensemble pour favoriser la réussite des élèves, avec pour prisme la création dʼalliances éducatives et leurs apports pour innover ; ou encore celle des gestes professionnels des enseignants, appelant de nouvelles approches et postures, notamment en lien avec les outils numériques.
Un champ important est justement celui du numérique, notamment la plus-value que lʼIA peut apporter dans les organisations scolaires, pour faciliter lʼenseignement. Ces problématiques sont portées par lʼappel à manifestation dʼintérêt « Innovation dans la forme scolaire » , mais aussi par le CNR (Conseil national de la refondation) pour lʼéducation « Notre école, faisons-la ensemble », démontrant une dynamique des pouvoirs publics qui conforte un intérêt marqué pour ce sujet.
Avant tout, ce qui nous anime est une démarche dʼamélioration continue pour revisiter régulièrement lʼexistant. Il est important de distinguer ce qui relève de lʼexpérimentation et de lʼinnovation. Le fait dʼexpérimenter implique une approche très encadrée, pour effectuer des tests, dans un temps donné, sur des sujets de niche ; innover, c’est mettre en place un diagnostic, questionner un champ pour le faire évoluer. Lʼinnovation engage et suppose lʼapport dʼune plus-value. Le Campus Numeria réunit ces deux mondes en étant un lieu dʼexpérimentation, associant des acteurs qui partagent la même volonté dʼinnover. Ce qui en ressortira aura un effet direct sur sa capacité à être pérennisé et à essaimer.
Lʼintérêt majeur du campus est de pouvoir tester de nouveaux espaces et une grande diversité dʼusages pédagogiques associés à ces espaces. Il ne serait pas possible dʼinstaller des lieux numériques dans tous les établissements, lʼexpérimentation n’est donc envisageable que dans un environnement propice.
Le projet vise à déployer des innovations au service de la découverte des métiers de demain, en lien avec le numérique, quʼil faut penser et construire dès maintenant. Un autre axe dʼutilisation des technologies concerne bien sûr le développement des compétences numériques chez les élèves, appelant aussi des actions de formation des enseignants et chefs dʼétablissement. Le Campus Numeria représente ainsi un ensemble dʼéléments cohérents, articulés autour de la notion dʼinnovation, et orientés vers une volonté dʼagir dʼensemble. Il illustre la capacité du territoire à fédérer les énergies et à mobiliser tous les partenaires, dans la durée.
Cet accompagnement, déjà engagé, est amené à évoluer. Lors de la mise en place du projet, c’est avant tout la dimension administrative, financière et structurelle, qui a primé. Le ministère ne sʼest pas emparé du sujet lors de cette phase initiale. Lorsque j’ai pris mes fonctions au sein du bureau de lʼinnovation, il y a quelques mois, j’ai mis en place de points pédagogiques avec les porteurs de projet pour évoquer un point majeur : en quoi les outils mis en place, en quoi les instances mobilisées, en quoi la structuration de lʼagir ensemble, du lieu et de lʼalliance éducative, vont apporter une plus-value aux élèves et contribuer à développer des compétences essentielles pour demain ? Lʼaccompagnement du ministère est centré sur ces questions, et le rôle du bureau de lʼinnovation consiste justement à être force de conseil, à sʼassurer de garder le cap initial, à sécuriser les piliers mis en place pour atteindre cet objectif.
Notre soutien sur ce volet de suivi pédagogique se poursuivra donc jusquʼà la fin de lʼappel à manifestation dʼintérêt. Pour lʼinstant, nous nʼavons pas pour objectif de communiquer fortement sur le projet. J’attends les résultats des expérimentations en cours, pour vérifier que les retours dʼexpérience de ce tiers lieu dédié à lʼéducation et à la formation commencent à se mettre en place, à devenir factuels, à démontrer des effets sur les pratiques. Lʼidée est de se laisser du temps pour observer, accompagner et rester en appui ; si des résultats sont démontrés, nous les partagerons et nous communiquerons.
Comme je lʼexpliquais précédemment, le ministère va dʼabord suivre les avancées du projet, sous lʼangle dʼun observatoire de pratiques. Ensuite deux approches seront possibles : soit une communication centrée sur le projet dans son contexte, très local et spécifique, en lien avec le Futuroscope, dans lʼidée de valoriser cette expérience et dʼencourager des élèves dʼautres départements à venir ; soit lʼidentification, dans les prochains mois ou années, de son potentiel de transfert dans dʼautres territoires. Cette notion de tiers lieux éducatifs et de formation est en tout cas envisageable à dʼautres échelles que celle du Futuroscope, dans une logique de duplication du modèle.
Le rôle du ministère sera notamment de mettre en écho le Campus Numeria et dʼautres expérimentations de tiers lieux. Pour capitaliser sur ces initiatives, il est indispensable de favoriser des partages de pratiques. Le campus peut ainsi être une source dʼinspiration et dʼamélioration continue pour dʼautres initiatives territoriales centrées sur le numérique éducatif, et réciproquement.
Téléchargez la version PDF de notre numéro spécial sur le Campus Numeria au complet et découvrez les 16 interviews !