Les ressources pédagogiques libres pour et par les enseignants

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Les ressources libres ouvrent de nouvelles possibilités pour les enseignants en leur donnant de nombreux droits sur les contenus. Elles constituent des outils évolutifs à intégrer dans des programmes pédagogiques.

Les Creative Commons ont récemment fêté leurs 20 ans. Ces licences aident les créateurs de contenu, ou « titulaires de droits » à conserver leurs droits tout en autorisant le public à copier, distribuer, et utiliser leurs œuvres de certaines façons, le plus souvent à titre non commercial. Chaque licence Creative Commons leur assure également qu’ils seront crédités et cités de la manière dont ils le souhaitent.

Pour Colin de la Higuera, professeur à l’université de Nantes, titulaire d’une Chaire de l’Unesco sur les ressources libres : « c’est très français d’appeler ça des ressources éducatives libres. Dans d’autres langues, le terme est open, “ouvert”. Plusieurs termes peuvent être utilisés pour les définir, ce qui montre que c’est un sujet vivant, encore en construction. »

Auparavant, un enseignant préparait ses cours à l’aide d’un manuel, de connaissances basées sur sa propre expérience et de collègues proches géographiquement. Avec l’arrivée d’Internet, ce processus a changé. L’enseignant utilise cet outil comme un ensemble encyclopédique de connaissances, à l’image de Wikipédia, et comme un outil de travail à partager avec des collègues à l’autre bout de la planète.

Mais il est parfois difficile de trouver les bonnes ressources. Comment savoir qu’une vidéo est utile sans la regarder ? Comment savoir si le cours d’un enseignant inconnu est correct ? Comment distinguer une ressource libre de droits et donc que l’on peut redistribuer librement et gratuitement à ses élèves ?

À cela s’ajoute une nouvelle possibilité : que le travail de l’enseignant soit « récompensé », c’est-à-dire qu’il puisse lui-même devenir une ressource utilisable par d’autres. L’enseignant passe ainsi du statut de consommateur à celui de créateur.

Ces questions sont de nature économique, politique, éducative, mais aussi technologique : peut-on créer les outils qui vont permettre à l’enseignant de profiter efficacement de cette richesse qui cessera alors d’être apparente ?

Les ressources éducatives libres sont tout simplement des ressources libres qui ont une portée pédagogique. Il peut donc s’agir de quizz, de jeux, etc. Les créateurs de ces contenus ont décidé de les rendre libres, donc de donner des droits aux utilisateurs. Colin de la Higuera définit « Cinq Droits » pour les ressources éducatives libres et leurs principaux enjeux. 

  • le droit de récupérer la ressource
  • celui d’utiliser cette ressource et de la partager devant les élèves (en présentiel comme par visioconférence)
  • le plus fondamental selon lui, qui différencie ce type de ressources de l’open data ou de l’open access, à savoir le droit de remanier la ressource. Il s’agit par exemple de modifier le contenu si quelque chose n’est plus juste, s’il y a des précisions à apporter, etc. « Cela permet de faire de la ressource un outil que l’enseignant peut modifier, pour la rendre utile dans son processus pédagogique. C’est très spécifique à l’éducation », explique-t-il
  • le droit de remixer les contenus (prendre deux cours pour en faire un seul, par exemple)
  • et enfin, le droit de rediffuser la ressource, dans le sens de construire une nouvelle oeuvre à partir d’une existante, puis de la remettre en circulation

Dans tous les cas, il faut garder le nom de l’auteur initial et ajouter le sien en fonction des modifications. « Les enseignants remixent beaucoup, c’est vraiment une méthode très utilisée », constate le professeur. 

 

Le domaine de l’éducation implique un contexte d’utilisation spécifique de ces ressources. Le contact avec des mineurs implique une vigilance d’autant plus importante envers la fiabilité des sources et des informations

Des enseignants se demandent donc s’il n’est pas préférable que des groupes d’experts soient chargés de la création des ressources pédagogiques. « Il y a doute, très commun, que chacun, individuellement, puisse créer une ressource crédible », explique Colin de la Higuera. « Une autre question, c’est “quel est mon rôle en tant qu’enseignant si on fait des ressources partagées ?”. Or, selon la recherche, la ressource est secondaire, derrière l’enseignant. Celui-ci a donc tout à gagner à pratiquer un travail collaboratif. »

Wikipédia, regardé parfois avec méfiance, devient par exemple une ressource éducative libre à partir du moment où un enseignant décide de l’utiliser dans une session pédagogique. Cela fait partie de la libre circulation de la connaissance, où chacun peut y apporter sa contribution.

Sur les différents moteurs de recherche, il est possible de cocher la case « creative commons », pour trouver ces ressources en toute simplicité. Cela sert notamment à trouver des photos libres de droits, pour les utiliser et les diffuser sans risque. Leur profusion à l’échelle mondiale rend toutefois la tâche ardue, face à une telle masse de contenus. Des progrès sont donc à faire, notamment via l’intelligence artificielle. 

En ce qui concerne la création, il existe des sites communautaires, qui permettent de créer des cours puis d’en assurer la diffusion. Plusieurs cours en ligne existent pour s’y retrouver sur les licences, sous forme de jeu open game, par exemple.

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Un article de idruide publié le 10 Jan. 2022
Remerciements & Crédits Colin de la Higuera
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