Enseigner dans le métavers ?

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Alors que l’on parle de plus en plus de ce concept de réalité virtuelle, le métavers peut-il apporter quelque chose au monde de l’éducation ?

Le métavers est un univers virtuel fictif dans lequel il est possible d’évoluer et de créer des interactions en trois dimensions. À la base, ce terme a vu le jour en 1992 dans le roman de science-fiction Le Samouraï virtuel, de Neal Stephenson, pour désigner un univers virtuel en 3D. Le terme renvoie aussi aux jeux vidéo où des joueurs munis d’un avatar interagissent, achètent des biens par le biais d’une monnaie virtuelle, participent à des rencontres virtuelles, etc. Cela se fait notamment via un casque de réalité virtuelle

« Ce qui est fascinant, c’est que le métavers est un objet vintage : il renvoie à la manière dont on voyait évoluer le monde il y a 30 ans », explique Sylvain Louradour, directeur créatif chez Netexplo, un observatoire de projets innovants. « Le romancier aurait pu choisir l’expression “réalité virtuelle” pour désigner cet univers, mais il ne lui convenait pas car le métavers tel qu’il l’imaginait n’est pas si virtuel : on y réalise de vraies interactions qui engagent notre cerveau et on est plongé dans des reconstitutions très immersives. »

Le métavers, tel qu’il existe déjà, n’est pas le jumeau numérique de la réalité. « Nous voyons plutôt émerger une multitude de métavers », précise Sylvain Louradour. Globalement, le terme sert donc encore de fourre-tout pour désigner les expériences qu’il est possible de vivre dans des univers en 3D. Cela concerne les interactions, de suivre des cours, des réunions, ou encore d’assister à des concerts à distance dans des conditions qui se veulent au plus près de la véritable expérience.

Dans la sphère de l’éducation, de premières initiatives commencent à voir le jour. Une entreprise londonienne a ainsi entrepris de créer un nouveau métavers pour enseigner les Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STEM) en ligne. Son programme mêle une plateforme d’apprentissage numérique avec des expérimentations pratiques, pour élargir l’accès à l’enseignement des STEM à travers monde. 

Par ce projet éducatif hybride, la société entend former les professionnels de la science et de la technologie de demain à résoudre les défis liés au changement climatique, à la pollution et aux technologies. Le métavers lui permettra d’établir des environnements d’apprentissage social, où les élèves participent à des cours expérientiels et utilisent des plateformes numériques pour interagir et apprendre à la fois des tuteurs, mais aussi les uns des autres

Le géant américain Microsoft s’y essaie également : les utilisateurs de Microsoft Teams pourront se rencontrer dans le métavers dès 2022. Microsoft Mesh est une plateforme où les étudiants et les enseignants pourront interagir via des avatars 3D. Les étudiants seront équipés de lunettes de réalité virtuelle pour interagir dans la salle de classe immersive.

Les questions de l’éducation dans le métavers se posent surtout, pour l’instant, dans le milieu de l’éducation supérieure

C’est notamment le cas des Grandes Écoles, qui ont pris conscience que la « mobiquité » plus connue sous l’acronyme ATAWADAC (Any Time, Any Where, Any Device, Any Content, Any Customer), devient la norme de l’expérience apprenante. Pour certains acteurs de l’enseignement supérieur, ce sont les notions mêmes de salle de classe et de campus qui deviennent obsolètes, surtout depuis la crise sanitaire et les cours à distance.

À l’image des appareils numériques, l’utilisation du métavers dans le but de répliquer des cours classiques n’apporterait rien du côté pédagogique. Ces nouveaux outils numériques doivent amener une réflexion nouvelle sur les usages pédagogiques, pour les élargir et faciliter l’apprentissage. 

Il peut néanmoins, à l’instar des plateformes numériques qui permettent la répartition des étudiants en équipes, offrir des possibilités nouvelles en matière d’organisation de l’apprentissage. Ce seront  surtout les ressources pédagogiques qui seront mises dans le métaverse qui permettront de lui attribuer un potentiel éducatif. 

« L’usage du métavers dans l’enseignement de disciplines scientifiques peut se révéler intéressant puisqu’il permet de mettre en place des systèmes d’expérience virtuelle où on doit, par exemple, assembler des matériaux, manipuler des substances chimiques… Cela nécessite toutefois que des programmes complexes de simulation soient mis en place et rendus utilisables selon le scénario pédagogique », explique Sylvain Louradour. 

Selon lui, une piste intéressante serait que des fonctionnalités s’inspirant des jeux vidéo puissent s’adjoindre aux futurs métavers éducatifs afin d’augmenter la part de créativité des apprenants et créer des espaces sociaux.

Avec ce nouvel univers virtuel se pose toutefois la question de la protection des données personnelles. Aujourd’hui, à l’ère du numérique et de la navigation sur Internet, des outils existent pour protéger les utilisateurs et leurs données

Mais on peut légitimement se poser la question de l’avenir des données personnelles quand chaque individu pourra se numériser à travers un avatar. Dans ce cas, il ne s’agira plus de partager des photos sur les réseaux sociaux, mais bien de fournir une large base de données sur chaque fait et geste et sur l’activité cérébrale. 

En effet, Meta (groupe Facebook, Instagram, etc.) travaille actuellement sur la technologie médicale de l’électromyographie afin d’intercepter l’information issue des nerfs cérébraux et de transmettre en temps réel des émotions pour que l’avatar corresponde le plus possible à l’individualité réelle de la personne. 

Le métavers se développe doucement, mais pose de nombreuses questions. Son rôle dans l’éducation est encore lointain, mais chercheurs comme professionnels commencent déjà à envisager son usage pédagogique. 

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Un article de idruide publié le 18 Mars 2022
Remerciements & Crédits Les extraits d'interview viennent de l'article : https://edtechactu.com/digital-learning/le-metavers-quels-usages-possibles-dans-leducation/
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