L’école face à la crise énergétique
Comment les établissements scolaires font-ils face aux enjeux de la crise énergétique qui s’annonce ?
L’exécutif a récemment demandé aux Français de faire preuve de sobriété énergétique pour éviter les pénuries cet hiver. Cela touche tous les secteurs, dont les établissements scolaires.
La question du chauffage des établissements est déjà une urgence budgétaire. En effet, nombre d’entre eux sont déjà dans une situation financière délicate à cause de la hausse des coûts énergétiques. Les regards se tournent vers les collectivités locales, qui de leur côté interrogent l’État.
Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, premier syndicat de personnels de direction, ne cache pas son inquiétude : « On voudrait que les collectivités territoriales nous disent à quel point elles vont nous aider financièrement ».
Avant d’être un problème écologique ou réglementaire, la question du chauffage est un casse-tête budgétaire. En effet, les établissements scolaires calent leur budget sur l’année civile, qui touche à sa fin. Or plus 2022 avance, plus la hausse des prix se fait sentir. Selon les établissements, en année normale, les flux (chauffage, électricité, eau) représentent de la moitié aux trois quarts de la dotation globale de fonctionnement. « Cette année, avec la hausse, on est déjà à 100 % », explique Bruno Bobkiewicz.
Tous les établissements ne sont pas égaux face à ces problématiques. Le gouvernement annonce que les bâtiments publics ne devront pas dépasser 19°C cet hiver, mais de nombreux locaux scolaires ne sont pas adaptés à cette mesure. Certains établissements sont des passoires thermiques. D’autres ont des réseaux de chauffage déséquilibrés : il faut 24°C à un bout du bâtiment pour que l’autre bout atteigne 19°C.
Les chefs d’établissements étant responsables du bon état physique des personnels, certains se posent la question de leur santé si la température est trop basse, et de l’augmentation des signalements sur les registres de sécurité. Au risque que la question du chauffage devienne aussi une question sociale.
Personnels éducatifs, administratifs et syndicats sont conscients de l’enjeu écologique qui englobe la gestion de l’énergie. Toutefois, pour mener à bien les projets de sobriété énergétique, il faudrait investir dans des travaux de rénovation de l’existant. La FSU, première fédération syndicale de l’enseignement, estime que : « Le bâti scolaire doit faire l’objet d’un plan d’investissement à la mesure des enjeux d’adaptation au climat et de réduction de consommation énergétique (…) Le ministère de l’Éducation nationale doit donner un cadrage national et le gouvernement les moyens financiers pour que les collectivités territoriales investissent à la hauteur des enjeux ».
Pour l’instant, le risque de coupures énergétiques est écarté, selon le gouvernement. Mais en cas de surcharge des réseaux, celles-ci restent une option. L’exécutif n’a toutefois pas encore précisé si les établissements scolaires seraient concernés, ou non.
Pour les régions, « on peut économiser, mais c’est sans commune mesure avec l’explosion des prix », explique François Bonneau, président de la région Centre Val de Loire et vice-président « éducation » des Régions de France, qui gèrent les lycées. D’autant que pour réduire la facture énergétique, il faut des moyens pour investir dans les bâtiments. « Il faut des locaux scolaires qui permettent de travailler avec 19°C dans de bonnes conditions et un effort collectif de réduction de la consommation énergétique. Il faut que les lycées puissent fonctionner en faisant des économies d’énergie », ajoute-t-il.
Plusieurs régions investissent dans la baisse des consommations. Ainsi, Pays de la Loire a réduit sa consommation de 10 % depuis 2008 en agissant sur le bâti. Grand Est et Hauts de France misent quant à eux sur le solaire, avec par exemple 135 millions pour le programme Solar Est, pour couvrir les toits de 200 lycées de panneaux photovoltaïques.
La crise énergétique liée à la guerre en Ukraine fait donc remonter des enjeux plus larges sur la question de la sobriété énergétique et les investissements à faire pour y arriver.